Le tourbillon Netflix #1 | Université, océan, forêt, maison, internet

Ça m’est déjà arrivé auparavant, et pourtant à chaque fois, ça me surprend. Je ne sais pas quoi faire, je veux regarder quelque chose, mais je ne suis pas d’humeur pour une série. Je pourrais lire un livre, mais j’ai de la vaisselle à faire/ de la lessive à plier/ des plantes à rempoter. Je pourrais écouter un livre audio ou un podcast, mais je vais déjà ça dans le bus, dans les magasins, et au boulot. Je pourrais regarder un des films que j’ai en attente, mais j’ai peur de ne pas pouvoir lui donner ma pleine attention. Je me résigne alors : je lance Netflix.

Je ne sais pas trop de quoi j’ai envie, du coup je passe en revue les catégories mécaniquement, cherchant quelque chose qui attire mon attention. Un acteur que je connais, une affiche qui me plait, un titre qui m’intrigue. Souvent, mon choix se portera sur une comédie romantique ou un film d’horreur. Dans de rares occurrences, ce sera un film d’action ou un documentaire. Aujourd’hui, c’était un film d’horreur – mais ça, on y reviendra plus tard.

Quoi que je décide à regarder, si peu que j’ai suffisamment de tâches à faire, je sais que ça risque de n’être qu’un début. Une heure trente, c’est vite passé. Je sais aussi que sur Netflix, s’il y a beaucoup de choses bien, il y aussi beaucoup de choses médiocres. N’y voyez pas là du mépris. J’aime beaucoup les films médiocres. J’aime pouffer lorsque les héros font des trucs qui me paraissent stupides, j’aime lever les yeux au ciel des rebondissements ridicules, j’aime ricaner. Parfois, je me retrouve investie dans l’histoire. J’aime ça aussi, être surprise. Parfois je tombe sur des films vraiment, vraiment, vraiment bien, non pas que je les cherche. Je les prends comme ils viennent.

Ca commence donc par ce premier choix, et puis après les nonante minutes, je me mets à laisser Netflix faire les choix pour moi. Que me proposes-tu, très cher algorithme ? En bas de l’écran, trois nouveaux films. A moi de choisir par quoi continuer. Puis continuer. Puis continuer.

J’appelle ça « le tourbillon Netflix ».

Je vais être sincère avec vous, le tourbillon Netflix n’est pas toujours une expérience plaisante. J’ai vu des choses vraiment, vraiment merdiques (I Know Who Killed Me est le seul qui m’ait vraiment marqué, mais bordel, qu’est-ce que c’était nul, et inutilement dégueulasse à regarder de surcroît). J’ai vu beaucoup de trucs nuls. Parfois je tombe sur un film plus terrifiant que ce à quoi je suis prête ; parfois sur un truc trop noeud-noeud pour que j’ai envie de continuer. Alors je me concentre sur la tâche que j’ai à faire, et je me rassurer : le suivant sera mieux.

J’arrête lorsque j’ai fini ce que j’avais à faire ou le plus souvent, un ou deux films après. J’arrête parce que j’en ai marre, parce que je suis fatiguée. J’arrête surtout parce qu’il est temps, parce que, aux prises des courants, je commence à avoir la tête qui tourne et une légère nausée. J’arrête pour ne pas suffoquer.

La tête hors de l’eau, je me dis « plus jamais ça ».

Mais au fond, je sais. Je sais qu’un jour, bientôt, ou du moins dans pas trop longtemps, l’ennui, la lassitude ou la curiosité auront le meilleur de moi et que, comme résignée à ne pas apprendre du passé, je cliquerai sur l’icône de mon écran de démarrage, me laissant emporter dans un nouveau tourbillon.


Où les eaux m’ont portée aujourd’hui

Aujourd’hui, j’avais besoin de trier mes cours, un paquet de vaisselle dans l’évier, un salon et une chambre en bordel grave, une litière puante, une cuisine peu reluisante et des herbes aromatiques à planter.

Aujourd’hui, j’étais dans le mood pour de l’horreur, de préférence un truc un peu bête qui me ferait sourire, mais c’était sans compter le fait que je ne contrôle pas le tourbillon, et que le tourbillon n’était pas d’humeur à me faire sourire, non non, le tourbillon voulait me rappeler que le monde est horrible et que les gens encore plus. [D’un autre coté, j’ai décidé de regarder de l’horreur donc c’est pas non plus comme si je m’attendais à des papillons, mais bon.]

Aujourd’hui j’ai été entraînée dans des recoins plutôt sombres de la sélection de Netflix, et d’ailleurs à trois reprises dans une superette où quelqu’un se faisait tuer.

Sacré algorithme.

Choix initial : Urban Legend (US, 1998)

Si cette affiche ne crie pas slasher des années 1990, je ne sais pas ce qu’il vous faut. Aussi, c’est quoi cette phrase en haut à droite ? C’est dans le film ? Parce que c’est pas du tout ce qui se passe. Ou alors c’est une légende urbaine ? Méta. Phoenix Pictures/Original Film. Récupéré sur Pinterest

Le premier film sur lequel j’ai cliqué avait un air de classique qui me plaisait. [Regardez juste cette affiche, n’est-elle pas merveilleuse ?] Je ne savais même pas que Joshua Jackson jouait dedans, du coup c’était une super surprise. [Oui, je savais pour Jared Leto et je m’en fous. Un commentaire ?] A part ça…

Le film raconte l’histoire d’une série de morts mystérieuses parmi les étudiants d’une université, morts qui semblent ressembler aux légendes urbaines d’horreur qu’on se raconte en soirée-pyjama. Notre héroïne, machin-chose, fait vite le lien mais personne ne veut la croire. Du coup, machin-chose a très peur ; il faut dire qu’elle semble être connectée à tous les meurtres et cache un sombre secret dans son passé… cela aurait-il un lien avec ce qui se passe sur son campus ? [Avez-vous déjà vu un film d’horreur ? Le soleil se lève-t-il le matin ?]

Comme un Scream mais sans tout ce qui le rend exceptionnel, Urban Legend était exactement ce que j’attendais qu’il soit, médiocre mais ô si plaisant-pour-un-instant. Il y a un deuxième et un troisième volet, qu’il va falloir que je me procure bientôt.

Plaisir : comme une glace au melon  (fade, un peu savonneux, mais c’est toujours ce que je me retrouve à commander)

Second choix : 47 Meters Down (UK, 2017)

Le second film sur lequel j’ai cliqué est en fait le vrai début de la chaîne, puisque j’ai quitté Urban Legend avant la fin du générique (erreur de débutante) ; j’ai donc choisi parmi les films proposés quand on clique sur le titre (ceux qui utilisent Netflix savent de quoi je parle, les autres s’en foutront). Parce que j’étais d’humeur masochiste, j’ai choisi 47 Meters Down.

Sachez une chose : je n’ai pas peur de grand chose, mais je suis terrifiée par l’océan. Sans être phobique, j’ai me fais tout de même des crises d’angoisses dès que j’ai plus d’un mètre de cinquante centimètres sous moi lorsque je me baigne. Alors voilà, l’histoire de deux frangines qui décident d’aller plonger avec les requins et se retrouvent coincés 47 mètres sous l’eau, c’est pas vraiment ma tasse de thé.

Pourtant, j’ai trouvé le film plutôt bien ficelé et intense. J’ai pas eu peur, donc ça c’est bien, mais j’ai été stressée, donc c’est bien aussi. On est pas au niveau de Jaws, mais on est tout de même au-dessus du film avec Blake Lively. Non pas que cette échelle soit utile à qui que ce soit à part moi. Ca devient un peu du n’importe quoi sur la fin, mais hé, qui suis-je pour juger, moi le n’importe quoi, j’adore ça.

Plaisir : comme une glace à la pistache (heureuse d’avoir goûté, mais pas sûre de recommencer de sitôt)

Troisième choix : The Ritual (UK, 2017)

Le troisième film sur lequel j’ai cliqué est l’exemple parfait du film que je n’aurais jamais regardé en temps normal. The Ritual m’a terrifié. Enfin, pas terrifiée, vu que j’ai baissé le son et que je me suis concentrée sur la vaisselle, mais j’étais proche. C’est l’histoire d’une bande de copains qui décide d’aller faire une randonnée en Suède pour honorer leur ami qui est mort six mois auparavant ; l’un deux se blesse, donc ils décident de prendre un raccourci et se retrouvent plongés dans une forêt tirée de leur pires cauchemars – parfois littéralement.

Le dernier film d’horreur qui m’ait autant fait peur était Eden Lake, que je n’ai d’ailleurs jamais fini. J’ai supporté The Ritual jusqu’au bout, mais surtout parce que passée la première heure, c’est redevenu de l’horreur que je pouvais encaisser (tout le contraire d’Eden Lake, en fait). C’est devenu beaucoup plus bête et cliché aussi, du coup, mais tranquille, j’adore ce qui est bête et cliché.

Plaisir : comme une glace au chocolat (pas mal au début mais j’étais vite écœurée)

Quatrième choix : The Open House (US, 2018)

Le quatrième choix que j’ai fait, comme le troisième, était sponsorisé par Netflix, qui kiffe nous faire voir ce qu’il produit (normal). Sauf que The Open House était très nul et stupide, même si j’étais heureuse de voir le gamin de 13 Reasons Why (placer ça tête m’a occupée toute la première heure : fun) essayer de gober des mouches.

Pas mal, pas mal. Mon conseil : appelle Naomi Watts, elle t’apprendra à ne plus jamais fermer la bouche et à toujours avoir l’air surpris/concentré/fasciné. Netflix. Récupéré de Be Afraid.

C’est l’histoire d’une mère et d’un fils qui emménagent dans une maison à vendre suite au décès du père de famille. Cette maison est en open house, une fois par semaine… et si un des invités n’était pas parti ? Si le pitch vous parait pas mal, et la bande-annonce vous tente, sachez que l’exécution est moyenne et qu’au final, le film n’est jamais ni fascinant, ni terrifiant, ni même drôle ou plaisant. C’est bleh.

Plaisir : comme une glace à la vanille premier prix (sans intérêt)

Cinquième choix : #Horror (US, 2015)

Le cinquième choix que j’ai fait était, comme le second, le résultat d’un retour en arrière (parce que j’avais vu tout ce que Netflix me proposait). Je suis resté dans les recommandations, cependant, je ne voudrais pas me mettre au travers du chemin de mon algortithme. J’ai donc choisi #Horror, dont l’affiche est affreuse. Qu’importe, parce que le film était la parfaite conclusion à mon tourbillon.

#Horror raconte l’histoire d’un groupe d’horrible jeunes pré-adolescentes odieuses et hyper riches, qui se martyrisent par les réseaux sociaux, et qui deviennent la cible d’un tueur. Comme d’habitude, elles font tous les mauvais choix possibles, et la gigantesques maison devient alors aussi inquiétante que les innombrables œuvres d’arts qui la remplisse.

Mis à part le problème du non-réalisme de toute la partie monde virtuel, qui m’a mis la nausée et m’a fait lever les yeux au ciel, le film construit bien la tension et joue intelligemment sur l’ambiguïté de notre ressenti : d’un coté, on n’a aucune sympathie pour toutes ces pestes ; d’un autre, elles ont douze ans, et quoi qu’il leur arrive, elles ne le méritent pas. #Horror aurait pu être mieux structuré ; mais tel qu’il est, il conserve une certaine efficacité qui m’a prise par surprise.

Plaisir : stracciatella (ça ressemble à une glace à la vanille, mais les pépites de chocolat ajoutent ce petit quelque chose qui fait qu’elle est croquante et surprenante)


tourbillon-netflix

Bilan du tourbillon #1

Avec cinq films, le tourbillon m’a entraînée en profondeur pendant toute une après-midi et une bonne partie de la soirée. Avec la fatigue de ma semaine éprouvante, j’ai la tête qui tourne et un sentiment de saturation complètement justifié.

Parfois, je me demande pourquoi je m’inflige ce genre d’épreuve.

Toujours cependant, je connais la réponse.

J’ai beau me plaindre, j’ai beau gémir, j’aime ne pas avoir à faire de choix, ne pas avoir à trop réfléchir ; j’aime me laisser hypnotiser, me laisser bercer par les courants si savamment calculés. J’aime me dire que je pourrais être surprise – et j’aime l’être comme je l’ai été aujourd’hui.

En attendant la prochaine expédition dans les profondeurs de Netflix, je vous souhaite de regarder plein de choses bien mais surtout, de regarder plein de choses qui vous font du bien et pourquoi pas, de me faire part de vos recommandations ?

Sincèrement,

Enid.

14 commentaires sur “Le tourbillon Netflix #1 | Université, océan, forêt, maison, internet

  1. Je comprends exactement ce dont tu parles ! Ce moment où tu ne sais pas trop ce dont tu as envie mais tu sais quand même que tu vas regarder une série ou un film, ce moment hyper mécanique ou ton cerveau te donne juste une consigne : essaye de trouver un truc un regarder, tu trouves pas tu trouves pas tu trouves pas .. moi ça peut durer parfois une demi-heure avant de comprendre que je trouverai pas d’inspiration et du coup comme toi je laisse Netflix décider, mais très régulièrement je tombe sur des trucs qui vont pas avec mon humeur et du coup je passe au bout d’une dizaine de minutes !

    Je te comprends 😉

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  2. Mon dieu, je crois que c’est la première fois que je croise quelqu’un qui a visionné #Horror sur le vaste monde de la blogosphère francophone… Personnellement, j’ai pas compris grand chose : je me suis endormie à plusieurs reprises devant, et même en faisant des retours en arrière, j’étais jamais certaine de l’endroit où fallait reprendre parce qu’absolument toutes les scènes et les personnages se ressemblent.
    Pour tout dire, je me rappelle même pas de qui est le tueur ni de ses motivations. Je sais juste qu’il y en a une qui se fait virer dehors, dans le froid et la neige, parce qu’elle se moque un peu trop fort et un peu trop ouvertement de la bonne copine grosse.
    Je serais curieuse de savoir aussi qui a validé le thème graphique de ce… « réseau social » fictif, on dirait un clip de pop japonais en encore plus dégueulasse. D’ailleurs, les passages où elles se selfisent dessus m’ont presque plus fait peur que tout le reste, je crois. Sans compter les innombrables lésions de rétine que cela a engendrées.

    Je n’ai pas vu les autres films dont tu parles, mais 47 Meters Down (les films de requins, ma passion) et The Ritual étaient déjà notés sur ma liste de trucs à voir un jour, quand j’aurais le temps (et pas sommeil).

    J’aime

    1. J’adore chercher des trucs un peu obscurs sur Netflix 😀 Ravie de voir que je ne suis pas seule à avoir vue #Horror (même si je ne suis pas sûre que ça vaut la peine de créer un club).
      Tout l’avantage de regarder le film en faisant mes corvées est que je n’ai pas trop eu à supporter les scènes de réseau social. Une fois que le tueur a commencé à tuer tout le monde, je me suis bien amusée (même si le visuel reste dégueu… Comment ils ont réussi à avoir Chloë Sevigny ? Elle a fait des trucs hyper bien, non ?) Je n’irais pas à dire que le film est bon cependant…
      Dis-moi ce que tu penses de 47 Meters Down ! Vu que ça se passe en profondeur, j’ai trouvé ça hyper oppressant, mais je sais pas si c’est parce que l’eau m’angoisse ou que le film est efficace…

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      1. Ahah! Pareil, l’eau m’angoisse aussi, surtout quand elle est profonde, trouble, salée et avec des poissons dedans. La mer et l’océan, quoi. J’aime bien les regarder, mais depuis la plage.

        Je ne sais pas si tu as déjà regardé des trucs comme Open Water où des touristes se retrouvent à la flotte sans avoir pensé à descendre l’échelle de corde pour remonter à bord de leur yacht (quand c’est pas un couple qui se fait carrément oublier en mer lors d’une sortie plongée…), mais ils sont horriblement angoissants 😀

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      2. Oh non non non non, mon pire cauchemar… Rien qu’à te lire, je suis emplie d’un sentiment de malaise.
        C’est quoi le proverbe ? Les peur sont faites pour être vaincues ?

        Allez, je rajoute ça à ma liste, je suis d’humeur « horreur » en ce moment 😀

        Aimé par 1 personne

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