Retour sur les pilotes #4 | Comédies du cable américain (mi-saison 2017-2018)

J’en aurais mis du temps, à m’attaquer aux pilotes du cable… et maintenant que c’est fait, je me demande vraiment pourquoi. Des six épisodes que j’ai regardés, quatre m’ont complètement emballée, ce qui est un record depuis que je me suis engagée à regarder tous les pilotes de la mi-saison. [Pour plus d’explication sur la démarche dans laquelle je me suis embarquée, cliquez ici.]

Alors pourquoi, pourquoi, pourquoi cela m’a-t-il pris autant de temps ? Je pense qu’il s’agit du reflet d’une crainte profonde mais infondée : celle de m’ennuyé, voir de ne pas comprendre, l’humour des comédies du cable. Je ne sais pas à quoi c’est du ; mis à part Entourage, je me suis toujours généralement bien amusée devant de telles séries (et je reste convaincue qu’un jours je me replongerai dans cette dernière… Je ne suis rien si ce n’est persistante).

Mes rendez-vous comique du cable se font rares. L’année passée, à cette période de l’année, je regardais VeepMan Seeking WomanWorkhaolics, mais toutes se sont finies. Du coup, j’ai tenté tant bien que mal de remplir mon planning de 2018 avec des comédies des networks mais on reste, cette année, sur de l’humour plus sucré et familier, qui est très bien par moment, mais pas ce que je cherche tous les jours. Je ne crache pas sur les tout le genre – je chante la gloire de The Office et Parks and Recreation à qui veut l’entendre (et qui ne le veut pas, for that matter) – il faut reconnaître que le cable regorge de petites perles qui se n’auraient jamais survécu sur les grandes chaines publiques (vu que certes d’entre elles n’ont, parfois, qu’à peine survécu là où elles étaient)… Je vous parle de Veep, Man Seeking Woman, Workhaolics mais aussi de The LeagueParty Down, Childrens Hospital, Newsreader Faking It, Episodes, Review, Angie Tribeca, The Detour, You’re the Worst, Another Period, Hello Ladies, Louie, Inside Amy Schumer et de toutes les autres que j’ai probablement oublié.

Le cable est une source tellement riche de comédies exceptionnelles, que je suis fachée contre moi-même de ma tendance à toujours me replier vers celles du network. J’ai cependant regardé six pilotes de la mi-saison : Barry (HBO), Corporate (Comedy Central), Our Cartoon President (Showtime), Grown-ish (Freeform), Alone Together (Freeform) et The Last O.G. (TBS). Comme je le disais plus haut, ce fut une expérience hyper enrichissante. Parlons-en.

Ce sera (probablement) sans moi

Je fais l’impasse sur une série animée/ satyre politique… Mais je reconnais qu’il ne s’agit juste de quelque chose de pas fait pour moi.

C’est drôle, la politique | Our Cartoon President (Showtime)

Crée par Stephen Colbert et le reste de l’équipe du Late Show (Matt Lapin, Tim Luecke, and R.J. Fried), Our Cartonn President est exactement ce que ça semble être : un regard animé et satirique sur la vie à la Maison Blanche sous Trump.

*Insérer citation de Donald Trump, ça sonne déjà comme une blague*. Showtime via Junkee

Bon, à rien ne sert de vraiment m’attarder sur la série. Ce n’était pas désagréable à regarder, mais c’est clairement fait pour une audience américaine qui a besoin de noyer ses larmes dans du rire. Mais voilà, ayant la chance de ne pas être américaine mais le malheur d’être française, j’avoue que je n’ai pas besoin d’une série pour me foutre de la gueule de Trump… J’ai déjà l’occasionnel épisode de The Daily Show, les segments « A Closer Look » de Late Night with Seth Meyers, le « Weekend Update » de Saturday Night Live, mes rendez-vous hebdomadaires avec John Oliver (Last Week Tonight) et Samatha Bee (Full Frontal)… puis tout ce que je bouffe sur Twitter, dans mes cours, et dans les médias francophones.

Pourquoi je fais l’impasse ? Je n’irai pas jusqu’à parler d’overdose – je trouve ça bien que les américains ne se fatiguent pas et continuent, encore et encore, de rappeler que ce qui se passe n’est pas normal – mais je crois que j’ai suffisamment d’informations et de blagounettes sur l’administration Trump par les autres médiums que je consomme… Ce sera donc sans moi !

Intriguée mais pas (encore) convaincue

Une seule des comédies me fait encore hésiter… Mais moi, je m’y fais pas que les gens nés dans les années 2000 sont rentrés à l’université aujourd’hui. Ce n’est juste pas possible : ILS SONT NES HIER !

C’est dur, dur, d’être indépendante | Grown-ish (Freeform)

Si vous regardez Black-ish, vous connaissez forcément déjà Zoey (Yara Shahidi), la fille aînée du couple Johnson. Pendant trois saisons, on a suivi ses aventures en tant que lycéenne jusqu’à ce que, dans l’épisode « Liberal Arts » (techniquement le pilote, vu que c’est à partir de lui que la série a été commandée), Zoey fasse ses premiers pas à l’université. La fille a papa et reine du lycée quittait la maison… pour son propre spin-off. Voilà donc Grown-ish, même Zoey, nouvelles règles.

On retrouvait déjà dans le back-door pilot, Charlie (Deon Cole), le collègue fou de Dre, ici professeur de nuit dans l’université de Zoey, et Dean Parker (Chris Parnell) ; « Late Registration » présente la future bande de potes de Zoey, qui suivent, comme elle, le cours de Charlie. Ils sont de différents bords politiques, de différentes ethnicités, de différentes orientations sexuelles, plus ou moins woke et probablement nés en 2000, donc un rappel que notre vie est éphémère.

L’ennui sur les visages des étudiants : that’s the real college experience, right there ! Freeform via The Source

L’épisode est consacré à la présentation de chacun des personnages et comment ils sont arrivés dans le cours de Charlie. On apprend ainsi que dans ses premiers jours à l’université, Zoey la parfaite à abandonné sa première amie, seule dans son vomi lors d’une soirée ; mais ne vous inquiétez pas, l’arc de rédemption n’est pas loin.

Grown-ish emprunte la narration à sa série mère, mais j’ai trouvé que la voix de Zoey était un peu trop présente, vu que c’est elle qui fait le gros de la description des personnages. Il faut dire qu’il ne se passe pas grand chose dans « Late Registration », même si Zoey nous prévient que le meilleur est à venir. Ca ne fait pas pour un épisode fascinant, mais ça ne veut pas non plus dire que Grown-ish n’a pas de promesse.

Pourquoi j’hésite ? J’ai mis en pause Black-ish cette année mais je garde en tête l’idée d’y revenir : j’avoue que la perspective de suivre Grown-ish en parallèle ne me parait pas déplaisante. « Late Registration » n’est pas mal, cependant, je n’ai pas été séduite au point de me lancer directement dans la chose… Je m’accorde quelques épisodes pour réfléchir et voir si j’accroche aux personnages. Puisque tout est sorti, je mets ça en pause pour le moment ; on en rediscutera plus tard.

Ce qui a retenu mon attention

Ah ben voilà ! On arrive au bon du bon du bon des comédies du cable. Je ne m’attendais définitivement pas à accrocher sur autant de trucs et pourtant, c’est le cas. Des millenials en errance, un ex-détenu en réinsertion, deux employés qui essayent de ne pas se faire broyer par la machine de la corporation et un tueur à gage qui se lance sur les planches… Typique cable et tellement, tellement délicieux.

Friends Without Benefit | Alone Together (Freeform)

Créé et joué par Esther Provisky et Benji Aflalo, à partir d’un court métrage du même nom (disponible en ligne), Alone Together est l’histoire d’Esther et de Benji, colocataires et amis platoniques (promis juré), qui tentent bien que mal se frayer un parcours dans l’univers superficiel de Los Angeles.

Ca m’a pris le pilote mais j’ai fini par la placer : c’est Maya dans Crazy Ex-Girlfriend (et je comprends également pourquoi son personnage s’est fait absent sur la fin de saison). Freeform via The New York TImes

Dans le pilote, Esther tente de percer dans le milieu de la mode mais finit par tenter sa chance en tant qu’escort. Benji quant à lui profite de ses connexions pour se faire utiliser par une aspirante mannequin. Tout les deux se lamentent beaucoup d’une vie qui n’a pas l’air si mal que ça, tous les deux sont mous lorsqu’il s’agit de faire quelque chose d’autre que ceux plaindre ; mais tous les deux sont aussi plutôt marrant dans leur flegme assumé.

Pourquoi j’ai envie de continuerOn n’apprend pas grand chose sur nos héros dans le premier épisode, mais Alone Together promet d’être une de ces comédies sur des comiques ; et je dis ça de manière positive. Ce n’est pas une série à se taper sur les cuisses, mais l’amitié entre Esther et Benji est bien retranscrite à l’écran. La complicité entre les deux personnages me donne envie de revenir. Puis j’aime bien voir des jeunes adultes se lamenter, ça me rappelle mes propres non-problèmes qui m’obsèdent. La première saison est complètement disponible… J’ai trouvé de quoi occuper mes semaines à venir.

« This time, I’ma do it right » | The Last O.G. (TBS)

Tray (Tracy Jordan) sort de quinze ans de prison et retourne à Broolyn pour trouver son quartier bien changé et complètement gentrifié. Si ce n’était que le quartier… Son ex, Shay (Tiffany Haddish), est désormais mariée à un homme blanc avec qui elle élève deux enfants dont Tray n’avait, jusqu’à présent, pas connaissance. La vie lui a offert une seconde chance, et il compte bien en profiter pour devenir le père que se enfants méritent.

TBS via Hollywood Reporter

J’ai un peu tardé à regarder le pilote de The Last O.G. parce que je redoutais de voir Tracy Jordan faire du Tracy Jordan, ce qui n’a jamais été mon humour préféré. Mais j’avais tort, de toute évidence. Le fait que la série soit co-crée par Jordan Peele (avec John Carcieri) aurait du me mettre la puce à l’oreille. Le personnage de Tray est assez nuancé ; lorsque Shay lui balance « Wherever you go, you bring chaos ! », on lui répliquerait bien qu’elle a tort – si ce n’était pour l’accident alors provoqué par Bobby (Allen Maldonado), le cousin de Tray qu’il avait ramené avec lui. De toute évidence, la réinsertion de notre héros ne va pas être facile.

Même si quelques moments m’ont mis mal à l’aise (notamment l’interpellation à la levée de fond), The Last O.G. semble vouloir proposer un autre regard sur les « rues » de New York, en contrastant les souvenirs de Tray avec la réalité de Shay, sans pour autant basculer dans un conte moralisateur (du moins, pour ce qui est du pilote).

Pourquoi j’ai envie de continuer ? Ce premier épisode est tout en délicatesse et en nuance, et on a beaucoup de sympathie pour le personnage de Tray comme pour celui de Shay. Comme pour Alone Together, le but ici ne semble pas être de nous faire hurler de rire mais de nous toucher par des petites absurdités. Pour moi, ça fonctionne très bien et j’ai hâte de voir comment la série va se développer.

« Just a cog in a soulless corporate machine » | Corporate (Comedy Central)

Encore une comédie dont la saison est déjà complétée… C’est pas de ma faute, non plus, si le basic cable a un petit faible pour les séries de janvier. [Après c’est de ma faute de n’en parler que maintenant mais mettons ces préoccupations de coté, ce n’est pas ce dont je vais vous parler maintenant.]

J’avais vu des bandes annonces en veux-tu en voilà pour Corporate avant les épisodes du Daily Show, et je m’attendais à quelque chose comme Workhaolics mais dans une compagnie légèrement plus sérieuse. Les deux ont en effet quelques points communs, notamment celui d’avoir des acteurs aussi créateurs ; mais la comparaison s’arrête là. L’histoire comme la façon de la raconter sont complètement différentes.

Des gens déprimés se font doucement suffoquer par une machine privée de sens moral… Bref, une tranche de rire ! Comedy Central via Splitsider

Corporate, c’est l’histoire de Matt (Matt Ingebretson) et de Jake (Jake Weisman), de employés de bas niveau pour une corporation multinationale, Hampton Deville, dirigée par un patron sans éthique (Lance Reddick) et des cadres sans compassion (Anne Dudek et Adam Lustick). Dans le première épisode, « The Void », Matt et Jake se voient confié la tâche de retrouver le responsable d’un tweet malheureux qui a attiré les foudres de la presse ; mais leur aventure les amène à apprendre comment profiter des petits moments de joie du bureau.

La première chose qui m’a frappée est le cynisme de la série, et son ton désespéré et désespérant-mais-néanmoins-hilarant. C’est inquiétant puisque ça reflète une réalité du monde de l’entreprise ; d’un autre coté, les cadres semblent si exagérés qu’on n’a du mal à y croire ; du coup, j’ai rigolé, parfois jaune, mais de manière sincère.

Pourquoi j’ai envie de continuer ? Je ne m’attendais certainement pas à autant de cynisme mais je l’accueille avec plaisir. J’ai trouvé le pilote très efficace, et si tous les autres épisodes se consacrent de la même manière sur un des problèmes du quotidien de nos deux héros déprimés, je serai heureuse de continuer.

Le bonheur commence aujourd’hui | Barry (HBO)

Diantre, Veep s’est fini à peine l’année passée et j’avais déjà oublié le plaisir des comédies HBO. Non pas que Barry soit Veep… enfin, il y a le rescapé SNL mais à part ça, rien en commun. Barry (Bill Hader) est un tueur à gage qui se met à se poser des questions sur la satisfaction que son boulot lui apporte. A Los Angeles pour tuer une cible, il rencontre les membres de son cours de théâtre et y trouve un bonheur inespéré.

Bill Hader en cosplay de Dexter Morgan ou comment se faire se rencontrer mes fantasmes les plus sombres. HBO via newsok

Barry m’a laissée béate. J’ai trouvé « Chapter One: Make Your Mark » très beau, à la fois mélancolique et plein d’espoir. Certes, c’est absurde ; pourtant, on y croit. Les acteurs sont tous super (il y a D’Arcy Carden et un mini-rôle pour Melissa Villaseñor donc j’avais de toute façon la banane) mais c’est bien évidemment Bill Hader qui vole l’écran, en jouant pourtant un personnage plus grave et plus sérieux que ce à quoi il m’a habituée.

Pourquoi j’ai envie de continuerLe premier épisode de Barry m’a captivée et est parvenue à me faire m’attacher à son héros. J’adore le ton, à la fois grave et absurde, et j’ai vraiment envie de voir comment la série va parvenir à mêler les deux vies de Barry (celle du tueur à gage et celle de l’aspirant acteur). La suite m’attend déjà, et je m’y mets dès que j’ai le temps pour un visionnage contemplatif (lisez-là : sans faire quelque chose à coté).


Et voilà ! Six comédies, une au trou, une en suspens et quatre rajoutées à ma liste des choses à voir maintenant tout de suite. Heureusement que seulement deux seront effectivement rajoutées dans mon planning (les autres ont déjà bouclé leur saison), je risquerai de ne plus avoir le temps de tout gérer.

Je vous revois bientôt pour discuter des drames du basic cable. Toute cette expérience est plus laborieuse que je pensais qu’elle serait ; et pourtant, elle me remplit d’une joie immense donc tout va bien.

Et vous, que pensez vous de ces nouvelles comédies du chaines du câble US ?

Sincèrement,

Enid

10 commentaires sur “Retour sur les pilotes #4 | Comédies du cable américain (mi-saison 2017-2018)

  1. Je me régale avec Barry (que j’avais commencée pour Anthony Carrigan à l’origine ^^) et pourtant, je n’aime pas l’humour absurde.
    Mais il y a plein de bonnes choses et ce personnage principal est tellement attachant !

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    1. Ah trop bien 😀 C’est la première que j’avais commencée et j’ai du me retenir de ne pas regarder les épisodes 2 et 3 avant d’avoir vu les autres comédies… donc maintenant allons-y !

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